dimanche 12 mai 2013

Au dessus des nuages


J'ai découvert ce DVD composé de témoignages d'enfants (handicapés) en  constituant une mallette de sensibilisation au handicap pour les enfants à l'école.

Benoît, Angelo, Tristan, Solène, Louna, Guillaume... des histoires fortes derrière ces prénoms, le handicap mais surtout pas que ça. Plutôt le quotidien, l'école, la famille, la relation avec les frères et sœurs  les jeux, les passions et surtout une ÉNORME joie de vivre.

Deux grands intérêts pour ce DVD tout public, même si destiné au départ aux enfants du primaire et début de collège :

  • Découvrir différentes facettes concrètes du mot handicap qui peut être pour les enfants un terme abstrait ou général. C'est le handicap par ceux qui le vivent et les enfants expliquent très directement et très simplement leur handicap.
  • Inciter les enfants à découvrir la personne derrière le camarade handicapé
Je tiens à signaler aussi le livret très bien fait qui accompagne le DVD. Il reprend les handicaps vus dans le film en expliquant leurs origines, les conséquences sur la santé. Une frise retrace l'histoire du handicap. Ce support peut servir à l'adulte qui va accompagner la présentation de ce DVD. En effet, les enfantspeuvent avoir des questions sur les pathologies suite au visionnage du film, même si les témoignages sont assez peu axés sur cette thématique.

Simplement bravo à Caroline PUIG-GRENETIER et Stéphane LEBARD ainsi qu'à La cuisine aux images / Une souris verte/ Cap Canal pour ce film.


mercredi 1 mai 2013

Retour aux mots sauvages - Thierry BEINSTINGEL

En ce 1er mai, quoi de plus  original que de parler du travail ... oui, mais par le biais de la littérature avec le livre Retour aux mots sauvages.

J'ai rencontré Thierry Beinstingel au tout début de ma vie professionnelle. Il travaillait encore dans cette grande entreprise de télécom qui était à l'époque en perpétuelle réorganisation. Il m'avait dédicacé son livre de l'époque Composants (je suis peut-être milliardaire ?!).
En lisant ce livre, je revis un peu cette période et me remémore certaines trajectoires de vie.

Il a cinquante ans et doit quitter son métier d'électricien pour rejoindre un centre d'appel. Le premier jour "On lui a dit qu'il fallait se choisir un prénom pour le message d'accueil - celui qu'il veut : Paul, Georges, John ou Ringo, comme les Beatles. [...] En réalité on ne le prononce qu'une fois, lors de l'enregistrement du message d'accueil : X (le nom de l'entreprise), bonjour Elizabeth [...], que puis-je pour votre service ? [...] Vous croyez qu'Elizabeth vous parle mais elle vient justement de dire à l'instant au revoir à un autre client vous précédant. Et s'affiche sur son écran, votre nom, adresse, pedigree et services fournis si vous êtes déjà client. Vous répondez à un bonjour qu'Elizabeth ne vous a jamais formulé personnellement, mais à la cantonade et devant un microphone anonyme [...]." Il choisit Eric.

Au cours du récit, on va suivre les changements auxquels Eric va devoir faire face. Tout d'abord le changement de métier : la main et le silence vont devoir laisser la place à la langue et aux paroles. Mais pas n'importe quelle langue, celle formatée des procédures de réponses aux clients.
En cascade ce changement impacte aussi son corps : sa main jadis dure et revêche devient blanche et molle. C'est aussi la perte du plaisir de travailler dans la ville où l'on habite.
Eric est pris dans une transformation plus générale de la nature du travail " Il repense à l'explication simpliste qu'un formateur avait délivrée un jour au sujet du travail : ça avait été le règne du pied pendant des millénaires, le travail agricole, l'homme chasseur, cueilleur, obligé d'arpenteur, de se déplacer. Puis, pendant un siècle le règne de la main, la révolution industrielle et le taylorisme, la répétition des gestes et les mains comme force de travail. Nous étions arrivés depuis quelques années à peine au règne du cerveau, aux sociétés de services et comment inventer de nouveaux besoins, moins palpables, pour le bonheur de l'humanité."
Par fragments les instants de bonheur apparaissent avec les vacances, la bonhomie de l'équipe et les appels cocasses de certains clients.
La fatigue est différente aussi. L'entourage ne comprend pas toujours le bouleversement vécu "tu en as de la chance avec ton nouveau boulot". Bientôt la vague des suicides dans l'entreprise fait la une des journaux. Il tient bon. Il choisit le sport comme échappatoire, pour décompresser et pour retrouver ses pieds.

Puis un jour, Eric sort du cadre. Il rappelle un client en difficulté se révélant fidèle à la valeur de la parole donnée. Il sort de la parole formatée pour retourner aux mots sauvages et retrouver une part d'humanité...

Un livre à lire absolument pour comprendre ce qu'une reconversion implique sur le plan humain, qu'elle soit motivée par des raisons économiques ou par un accident ou une maladie.