mardi 27 août 2013

Travailler en ESAT, l'ordinaire protégé

Découvrez ce web documentaire tourné à L'ESAT de L'ETAI à Villejuif "Travailler en ESAT, l'ordinaire protégé".

Réalisé par Justine Salvestroni et Guillaume Gendron, étudiants à l’Institut Français de Presse, ce documentaire a remporté la deuxième place du prix santé et citoyenneté.

Vous y trouverez un bref historique des ESAT et un reportage sur le quotidien des travailleurs en ESAT au travers de témoignages.


Fond photo

dimanche 12 mai 2013

Au dessus des nuages


J'ai découvert ce DVD composé de témoignages d'enfants (handicapés) en  constituant une mallette de sensibilisation au handicap pour les enfants à l'école.

Benoît, Angelo, Tristan, Solène, Louna, Guillaume... des histoires fortes derrière ces prénoms, le handicap mais surtout pas que ça. Plutôt le quotidien, l'école, la famille, la relation avec les frères et sœurs  les jeux, les passions et surtout une ÉNORME joie de vivre.

Deux grands intérêts pour ce DVD tout public, même si destiné au départ aux enfants du primaire et début de collège :

  • Découvrir différentes facettes concrètes du mot handicap qui peut être pour les enfants un terme abstrait ou général. C'est le handicap par ceux qui le vivent et les enfants expliquent très directement et très simplement leur handicap.
  • Inciter les enfants à découvrir la personne derrière le camarade handicapé
Je tiens à signaler aussi le livret très bien fait qui accompagne le DVD. Il reprend les handicaps vus dans le film en expliquant leurs origines, les conséquences sur la santé. Une frise retrace l'histoire du handicap. Ce support peut servir à l'adulte qui va accompagner la présentation de ce DVD. En effet, les enfantspeuvent avoir des questions sur les pathologies suite au visionnage du film, même si les témoignages sont assez peu axés sur cette thématique.

Simplement bravo à Caroline PUIG-GRENETIER et Stéphane LEBARD ainsi qu'à La cuisine aux images / Une souris verte/ Cap Canal pour ce film.


mercredi 1 mai 2013

Retour aux mots sauvages - Thierry BEINSTINGEL

En ce 1er mai, quoi de plus  original que de parler du travail ... oui, mais par le biais de la littérature avec le livre Retour aux mots sauvages.

J'ai rencontré Thierry Beinstingel au tout début de ma vie professionnelle. Il travaillait encore dans cette grande entreprise de télécom qui était à l'époque en perpétuelle réorganisation. Il m'avait dédicacé son livre de l'époque Composants (je suis peut-être milliardaire ?!).
En lisant ce livre, je revis un peu cette période et me remémore certaines trajectoires de vie.

Il a cinquante ans et doit quitter son métier d'électricien pour rejoindre un centre d'appel. Le premier jour "On lui a dit qu'il fallait se choisir un prénom pour le message d'accueil - celui qu'il veut : Paul, Georges, John ou Ringo, comme les Beatles. [...] En réalité on ne le prononce qu'une fois, lors de l'enregistrement du message d'accueil : X (le nom de l'entreprise), bonjour Elizabeth [...], que puis-je pour votre service ? [...] Vous croyez qu'Elizabeth vous parle mais elle vient justement de dire à l'instant au revoir à un autre client vous précédant. Et s'affiche sur son écran, votre nom, adresse, pedigree et services fournis si vous êtes déjà client. Vous répondez à un bonjour qu'Elizabeth ne vous a jamais formulé personnellement, mais à la cantonade et devant un microphone anonyme [...]." Il choisit Eric.

Au cours du récit, on va suivre les changements auxquels Eric va devoir faire face. Tout d'abord le changement de métier : la main et le silence vont devoir laisser la place à la langue et aux paroles. Mais pas n'importe quelle langue, celle formatée des procédures de réponses aux clients.
En cascade ce changement impacte aussi son corps : sa main jadis dure et revêche devient blanche et molle. C'est aussi la perte du plaisir de travailler dans la ville où l'on habite.
Eric est pris dans une transformation plus générale de la nature du travail " Il repense à l'explication simpliste qu'un formateur avait délivrée un jour au sujet du travail : ça avait été le règne du pied pendant des millénaires, le travail agricole, l'homme chasseur, cueilleur, obligé d'arpenteur, de se déplacer. Puis, pendant un siècle le règne de la main, la révolution industrielle et le taylorisme, la répétition des gestes et les mains comme force de travail. Nous étions arrivés depuis quelques années à peine au règne du cerveau, aux sociétés de services et comment inventer de nouveaux besoins, moins palpables, pour le bonheur de l'humanité."
Par fragments les instants de bonheur apparaissent avec les vacances, la bonhomie de l'équipe et les appels cocasses de certains clients.
La fatigue est différente aussi. L'entourage ne comprend pas toujours le bouleversement vécu "tu en as de la chance avec ton nouveau boulot". Bientôt la vague des suicides dans l'entreprise fait la une des journaux. Il tient bon. Il choisit le sport comme échappatoire, pour décompresser et pour retrouver ses pieds.

Puis un jour, Eric sort du cadre. Il rappelle un client en difficulté se révélant fidèle à la valeur de la parole donnée. Il sort de la parole formatée pour retourner aux mots sauvages et retrouver une part d'humanité...

Un livre à lire absolument pour comprendre ce qu'une reconversion implique sur le plan humain, qu'elle soit motivée par des raisons économiques ou par un accident ou une maladie.


mercredi 6 mars 2013

Bernard Barracuda - Valfret

Non, le handicap n'est pas forcément larmoyant.
Avec Bernard Barracuda, le handicap est traité avec un humour noir, grinçant et décapant.

Bernard est handicapé, totalement dépendant. Il est alors à la merci de tous, les bienveillants étant parfois les plus dangereux !

Il sera confronté à une cousine lubrique, aux confessions sentimentales de sa tante, au personnel soignant qui l'infantilise, à une érotomane, à un papy au bord de la mort qui le prend pour un chat et à son père qui cherche à se dédouaner suite à leur accident de voiture.

Une BD provoc', très drôle, qui donne à réfléchir sur le traitement des personnes très dépendantes sans s'apitoyer.

Bernard Barracuda
Par Valfret
Editions Les requins marteaux
14,20€

Voir le blog de Valfret
Voir les 12 album en ligne de Valfret

dimanche 17 février 2013

Guerre aux chômeurs ou guerre au chômage ? - Emmanuel PIERRU


Un chômeur en fin de droit s'immole devant une agence de Pôle Emploi. Ce post est tristement d'actualité, alors ...

Puisque le chômage fait aujourd'hui partie de notre société, puisqu'il peut nous toucher à un moment ou un autre de notre carrière, puisqu'il empêche les jeunes de se lancer dans la vie, puisqu'il laisse les anciens sans activités jusqu'à leur retraite, puisqu'il touche notre famille, nos amis, nos voisins et touche deux fois plus les personnes handicapées,

Prenons le temps de lire le livre d'Emmanuel PIERRU Guerre aux chômeurs ou guerre au chômage. Oui, prenons le temps et regardons en face, car ce que nous apprend ce livre, c'est que le chômage fait peur, qu'il rebute celui qui est en emploi et fait honte à celui qui est sans activité. Face à ce sujet nous sommes donc souvent tentés de détourner le regard ...

Finalement, on en parle assez peu, ou plutôt trop souvent le matin, le midi et le soir dans les journaux télévisés ( et aussi la nuit grâce aux chaines d'info en continu ). Oui on en parle ... mais surtout pour parler des "chômeurs" de manière indistincte ( qui ça, qui sont-ils vraiment ?), du taux de chômage (combien sont-ils réellement ? qui est pris en compte ? qui est mis de côté et pourquoi ?) car le sujet est éminemment politique.

Emmanuel PIERRU dresse en finesse le portrait des chômeurs, il tord le cou aux représentations classiques (révolutionnaires, vote FN, fainéants ...) et nous alerte sur la dégradation continue de l'assurance chômage depuis les années 80.

Il nous encourage à changer notre regard sur ces personnes privées d'activité et à nous battre pour la mise en place d'une véritable assurance qui permette à tous de se protéger de ce risque, le chômage, inhérent au fonctionnement de notre société actuelle.

lundi 11 février 2013

La pieuvre - Laetitia Carton

La pieuvre est un émouvant film-témoignage de Laetitia Carton sur la maladie de Huntington.

Elle ne témoigne pas seule. Car la maladie de Huntington est une histoire de famille. Cette "pieuvre" a déjà englouti de nombreuses personnes dans son entourage. Vieux, jeunes, hommes, femmes tous peuvent être victimes. Une seule règle :  Une chance sur deux d'être touché par la maladie transmise par son père ou sa mère. Laetitia nous présente les dégâts de la pieuvre au fil des générations dans sa famille :  ses ancêtres, son grand-père, puis sa mère.

Alors, vivre dans l'angoisse ou faire le test pré-symptomatique ? Rester dans l'inconnu en espérant qu'on est pas porteur ? ou qu'au pire la maladie se déclenchera tard ? Prendre le risque de faire le test et être libéré si on est pas porteur ? ou au contraire se savoir porteur et être hanté au quotidien par une maladie qui se déclenchera à coup sûr un jour ?

Ce que l'on découvre avec ce film, c'est l'angoisse toujours présente en arrière plan qui pousse à guetter les premiers symptômes de la maladie, quitte à surinterpréter le moindre geste désordonné, la plus petite obsession. Faut-il renoncer à l'enfant pour "briser la chaîne" ?

Dans la famille les avis à propos du test sont partagés. Laetitia ne supporte plus la menace de la pieuvre. Fera-t-elle le test ?



Vous pouvez voir le film en ligne.
Le DVD est aussi disponible à L'ADAV.
Durée du film : 89 min.

lundi 4 février 2013

Le jour où je n'étais pas là - Hélène CIXOUS




CIXOUS…c’était d’abord pour moi, les soirs de théâtre, un nom imprimé sur le bitume à Reims.


Puis c’est devenu Hélène CIXOUS, l’auteur de Le jour où je n’étais pas làC’est avec plaisir que j’ouvre ce blog consacré à la littérature et au handicap (mais aussi travail, emploi et social…) en vous présentant ce livre incontournable. Parce que l’écriture est belle, j’ai pris le parti d’intégrer de grandes citations pour vous faire découvrir ce rythme atypique.

Ce livre raconte l’oubli d’un enfant « différent », les souvenirs qui reviennent, Alger en arrière-plan et la quête auprès de la famille des circonstances de sa mort.




Un 1er mai, un livret de famille, un chien à trois pattes exhument le souvenir de l’enfant niais :
"Durant toute cette journée je descendis souvent de sous la  terre, je marchai sur la terre, je traversai des ponts des heures entières, je longeai des chemins sans nom c’était le printemps je vis un coquelicot tout seul allumé tout en haut de sa hampe je descendis plusieurs fois sous la terre, j’y fus surprise par mes morts, surtout l’un, un de mes fils, auquel je ne pensais plus jamais, et qui me revint de a à z ce jour-là, j’ai pleuré […]"

Elle écrit alors 
« un livre que je ne voulais surtout pas écrire ».

Elle revient sur sa naissance. Déjà, un malaise 
« Je n’arrivais pas à voir l’expression du visage de la lune »
[Me fait penser au court métrage Mon petit frère de la lune ]

Un flottement :
« Elle n’en revient pas. Elle s’attarde dans une heure bizarre, flottante, entre deux heures. Elle vient d’accoucher d’une part. D’autre part ce qui vient d’arriver c’est que celui qui vient de naître, il n’est pas encore tout à fait arrivé quelque part, il n’est pas à sa place, il remue encore faiblement à l’entrée de la scène, à l’extérieur comme retenu par une grande incertitude, comme timide. […] elle sent pourtant passer une forme manquant de force ou au contraire une forme d’une force monstrueuse de faiblesse. L’enfant flou. »

Plus tard, reste la question de la place de cet enfant dans sa vie de mère :
« Comment répondre à la question : combien avez-vous eu d’enfants, sans lente et longue réflexion […] Vous avez eu des enfants ? oui oui oui, combien ? ah, ça ! cela dépend. Depuis l’apparition de mon fils l’agneau aux mains palmées, il ya Impossibilité, depuis l’arrivée de mon fils imprévue de mon fils l’Impossible, je ne puis dire combien sans que le mot combien se fende, l’enfant aussi, fendu, tout fendu et défendu et dé-fendu par le dedans , combien d’enfants ? »

A sa naissance, elle témoigne du changement brutal de destinée, de chemin 
«  J’écris dans la maison que j’ai fait construire à cause de toi, en hâte pour toi et contre toi tandis qu’Eve notre mère te gardait, je construisais je n’écrivais plus, au lieu de poèmes, je bâtissais je répondais en pierre à ton arrivée pour les temps des temps […] je faisais la maison où tu n’es jamais venu. »

Vient le jour fatal 
« Un an je ne sors pas. Un jour, je sors. Et il s’en va. Sans moi. Le jour où je ne suis pas là. »

C’est un livre fort en émotion, mais pas seulement, c’est aussi une formidable écriture au fil de la pensée où s’entrechoquent le passé / le présent, les faits / les suppositions, la douceur / les sentiments crus.